Le 11 amiénois, l’info au pays de la licorne


Avant le match de samedi, le 11 amiénois nous fait l’honneur de répondre à nos questions. Vous pouvez les retrouver sur X (ou Twitter pour les anciens) ou sur leur site le11amienois.fr .

TeamAJA : Hello @11amienois, la 1ère question vous concerne personnellement car il vous faut vous présenter (combien êtes vous pour gérer le compte, votre travail pour la communauté amiénoise)

Le11amiénois : Le 11 Amiénois est un média créé en 2018 qui avait pour vocation d’être géré par un journaliste professionnel et donnant la parole aux supporters. Depuis, la structure s’est développée et encore plus professionnalisée avec un développement sur l’ensemble de la région Hauts-de-France par le biais du 11 HDF. Aujourd’hui, deux personnes s’occupent de la partie « amiénoise », avec un journaliste professionnel qui suit le club au quotidien et un bénévole en charge des réseaux sociaux et de la création graphique.

Nous sommes présents à chaque conférence de presse et à chaque match, afin d’offrir la meilleure couverture possible du club à nos lecteurs. Le 11 Amiénois dispose également d’un partenariat avec France Bleu Picardie, amenant notre journaliste à commenter les matches avec notre confrère Mathieu Dubrulle.

TeamAJA : On va parler tout de suite des choses qui font mal. Au terme d’un exercice 2019-2020 tronqué, vous êtes relégués et depuis, on peut dire que c’est compliqué pour vous, malgré les ambitions affichées de votre président. Comment avez vous vécu ces 3 dernières années ?

Le11amiénois : Amiens sort de quatre saisons épuisantes. Si la pilule de la relégation en Ligue 2 est toujours difficile à avaler, le championnat n’ayant pas été à son terme, le club de Bernard Joannin était clairement sur une pente dangereusement savonneuse avec 16 matches sans victoire entre le 2 novembre 2019 et le 6 mars 2020. Une chute libre qui n’est que la conséquence d’une mauvaise anticipation de l’après-Pelissier. Sans doute rattrapée par un péché d’orgueil, la direction du club n’a pas tout fait pour retenir son entraîneur, qui arrivait en fin de contrat.

Lassé par des négociations sans fin, avec notamment des conditions initiales assez lunaires (Amiens devait atteindre le top 10…en Ligue 1 pour qu’une deuxième année de contrat soit automatique), Christophe Pelissier a préféré répondre aux sollicitations de Lorient. Dès lors, Bernard Joannin a promis un entraîneur expérimenté, doté d’une bonne connaissance de la Ligue 1.

Trois semaines plus tard, et après de nombreux refus, c’est l’inexpérimenté et quasi-inconnu Luka Elsner qui arrive sur le banc de touche. Sans remettre en cause la compétence de ce dernier, il n’était pas prêt pour relever le défi amiénois. Le Slovène est tombé dans un club au mode de fonctionnement bien particulier, où le directeur sportif n’est jamais sur place et où les joueurs sont rois, en raison de la valeur marchande qu’ils représentent. Il s’est ainsi retrouvé à devoir faire jouer des joueurs qui devaient conserver une valeur marchande, contre toute logique sportive.

Après des débuts intéressants, le château de cartes s’est vite écroulé. S’en suit un atterrissage délicat en Ligue 2. L’intersaison est complètement dingue, avec un combat juridique perdu d’avance qui fait prendre un retard fou sur le plan sportif. Luka Elsner se retrouve avec des joueurs mis à l’essai à la dernière minute et un effectif complètement démobilisé pour lancer l’opération « une revanche à prendre ». Résultat des courses, il est licencié un mois plus tard. Arrivé pour être son adjoint, Oswald Tanchot reprend le flambeau au pied levé. Le Mayennais a le mérité de remettre le club sur de bons rails et parvient même à terminer la saison dans le top 10, le tout avec son meilleur atout offensif vendu fin février, sans qu’il ne puisse disposer de remplaçant. Mais au lieu de miser sur la stabilité avec lui, le duo Joannin-Williams décide de s’en séparer en raison de la dureté de son management et ses relations houleuses avec son directeur sportif.

Amiens va donc chercher Philippe Hinschberger, qui doit apporter son énergie positive et son expérience pour incarner « le nouveau projet de conquête et d’ambition sportive » du club. Malheureusement, la première année ne sera pas à la hauteur des espérances, avec une phase aller dans la zone rouge et un timide redressement en deuxième partie de saison.

Après deux saisons difficiles, l’ASC finit par solder l’héritage de ses années Ligue 1 avec notamment les départs de Zungu et Gnahoré, plus que jamais en bout de course. L’espoir d’un vrai renouveau est booster par un début de saison idyllique (7 victoires en 11 matches). Leader, Amiens fait alors revenir Gaël Kakuta et ne fait que renforcer les attentes grandissantes à son sujet.

La suite sera bien moins probante. A tel point que Philippe Hinschberger n’ira même pas au bout de son contrat, rendant son tablier début avril. Amiens termine la saison avec trois entraîneurs à sa tête, dont aucun qui dispose du diplôme. Après s’être réveillé comme un prétendant à la montée, le maintien est finalement acquis à l’avant-dernière journée. Un peu l’histoire d’un jour sans fin. En quatre ans, les suiveurs et supporters de l’Amiens SC doivent avoir pris dix ans tant ils ont subi une succession d’événements plus usants les uns que les autres.

TeamAJA : Vous avez signé Omar Daf qui a été licencié par Dijon avant le terme du dernier exercice, comment voyez vous sa nomination ? Êtes-vous confiant pour cette saison ?

Le11amiénois : Quand on repense à l’emballement quand Philippe Hinschberger arrive, un entraîneur qui sortait d’une saison réussie à Grenoble, dotant d’une expérience sans égale en Ligue 2 et qui savait communiquer de manière très habile, la prudence est plus que jamais de mise maintenant aux abords du stade de la Licorne.

En politique, on dirait que la nomination d’Omar Daf acte un retour à la rigueur, un changement de paradigme. Le problème, c’est qu’on peine à suivre la réflexion des décideurs. Il y a deux ans, il fallait prendre une personnalité plus enjouée, capable de ramener de la joie au quotidien. Maintenant, on nous fait comprendre qu’il était vital de remettre de l’autorité dans le club – une autorité que la direction peine à incarner au passage. Cela donne un peu le sentiment d’un retour à la situation de 2021 avec un entraîneur qui ne fait pas forcément rêvé – sans faire offense à Oswald Tanchot ou à Omar Daf – mais qui est censé remettre de l’ordre dans le vestiaire.

Quant au projet de jeu, Omar Daf a déjà fait savoir que bien défendre était la priorité alors que John Williams a promis un projet de jeu tourné vers l’avant. Sont-ils sur la même longueur d’onde ? Tout cela est-il compatible ? L’avenir nous le dira et de notre côté, on attend de voir.

TeamAJA : Où vous voyez-vous à la fin de saison ?

Le11amiénois : Sur le papier, Amiens semble avoir suffisamment de qualité pour éviter de se faire peur dans la course au maintien. Maintenant, la sensation était identique la saison dernière et cela n’a pas empêché Régis Gurtner et ses coéquipiers de jouer avec le feu. Donc après trois saisons dans le ventre mou (10e, 14e, 12e), il faut déjà penser à se mettre à l’abri le plus vite possible. Pour la montée, ça me semble totalement hors de portée. Il y a trop d’équipes mieux armés et des clubs mieux structurés en face. Au mieux, Amiens peut faire office d’outsider à l’instar de Grenoble ou encore le Paris FC. Au sein de la rédaction, on se contenterait déjà d’une saison entre la 8e et la 12e place.

TeamAJA : Question mercato : si cela était possible, quel joueur d’Auxerre aimeriez vous recruter et pourquoi ?

Le11amiénois : Il y a beaucoup de bons joueurs à Auxerre, qui a un effectif pour briller en Ligue 2. Ce n’est peut-être pas le poste où le besoin se fait le plus ressentir, Gaël Kakuta occupant celui-ci, pour autant un Gauthier Hein sous la tunique samarienne ne serait pas pour nous déplaire. Il incarne à merveille le joueur qui est monté en puissance, qui est capable de faire la différence à lui seul, de bonifier un collectif qui tourne bien et surtout de mettre en valeur ses coéquipiers.
Sur le papier, c’est clairement l’un des meilleurs joueurs du championnat.

Dans un tout autre style, Amiens se cherche un patron en défense. Jubal pourrait donc être une bonne prise pour Omar Daf.

TeamAJA : A la veille du match entre nos deux équipes, quel regard portez-vous sur l’Aja ?

Le11amiénois : On sait que ça devient très difficile de remonter immédiatement en Ligue 1. Hormis Metz, qui est devenu un spécialiste de la chose, peu de clubs parviennent à le faire, il suffit de voir Caen ou Guingamp dernièrement sans même parler de Nîmes et Dijon qui ont fini par descendre en National.

On parle beaucoup aussi de Saint-Etienne et Bordeaux, parce que ce sont deux clubs historiques et de gros budgets. Maintenant, Auxerre est pour moi le vrai favori à la montée. Déjà, l’équipe est sur une dynamique plutôt positive en dépit de sa descente, qui se joue à peu de choses lors de la dernière journée de championnat. Arrivé en cours de route, le pragmatique Christophe Pelissier a su redonner un élan à votre équipe. S’il y a eu des départs et qu’il y aura sans doute d’autres d’ici le 1er septembre (Sakhi, Hein ?), Auxerre conserve un très bel effectif pour la Ligue 2, avec un potentiel offensif qui n’a pas vraiment d’égal, des joueurs qui connaissent parfaitement le championnat et de jeunes pousses intéressantes. Et on est bien placé à Amiens pour savoir que Christophe Pelissier sait créer une alchimie collective à partir de bons ingrédients. Et après avoir fait monter Amiens et Lorient, en faire de même avec cet Auxerre est tout sauf insurmontable.

TeamAJA : Dernière question, samedi à 21h, quel score sera affiché sur l’écran géant du stade ?

Le11amiénois : Il est encore très difficile de pronostiquer avec aussi peu d’enseignements concrets à notre disposition. Auxerre reste sur une large victoire à Valenciennes, mais le club nordiste n’est pas encore prêt. Maintenant quand Auxerre a décidé de passer à la vitesse supérieure, la différence entre les deux équipes était effarante. De son côté, Amiens sort d’un match très ennuyeux contre QRM, confirmant son incapacité à faire le jeu et à être dangereux offensivement. Sur le papier, l’avantage est dans le camp bourguignon. Mais je pense que ça va mettre du temps à se décanter et que les Amiénois resteront dangereux en transition. On part donc sur une courte victoire 2-1 de l’AJA. A contre-coeur.

TeamAJA : Merci beaucoup à vous pour cette belle interview ! Nous vous disons à samedi, en espérant que votre pronostic soit le bon.